
Le 11 novembre, nous avons célébré comme chaque année l'Armistice de 1918 qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale et rendu hommage à tous les soldats. À cette occasion, nous avons rencontré Catherine Nivromont, fille et sœur de déportés, qui œuvre au quotidien pour que l’on n’oublie pas. Portrait d’une Mont-Saint-Aignanaise active et investie !
Nivromont. Ce nom vous semble sûrement familier et pour cause, il existe à Mont-Saint-Aignan l’allée Robert et Pierre-Nivromont, rendant hommage à deux Déportés de la Seconde Guerre mondiale, qui ont résisté à l’occupation Allemande quand d’autres collaboraient. Et ces hommes sont respectivement le père et le frère de Catherine Nivromont.
Après des études de lettres et de langues à Rouen, elle enseigna l’espagnol d’abord en Normandie puis au Sénégal pendant 18 ans, avant de revenir en France, à Marseille, 20 années durant. C’est d’ailleurs là-bas qu’elle commence à s’investir dans ce qu’elle appelle “un travail de mémoire plutôt qu’un devoir” en emmenant à huit reprises ses élèves en Pologne pour visiter les camps d’Auschwitz-Birkenau. “La déportation des miens n’était pas un sujet de discussion à la maison. Mais quand sont arrivés les négationnistes et les révisionnistes, mon frère a commencé à réagir. Il est venu témoigner 16 fois au lycée dans lequel j’enseignais. De là a débuté mon implication”, atteste cette touchante dame.
Un quotidien dédié à celui des autres
L’envie de se rendre utile se faisant de plus en plus ressentir, elle explique : “Au moment de la retraite, je suis rentrée en Normandie et ai commencé à devenir bénévole au Secours populaire de Mont-Saint-Aignan, où je réside.” Elle y donne de son temps, trois jours par semaine. Puis elle ajoute : “Je m'implique également beaucoup dans le Musée de la Résistance et de la Déportationde Forges-les-Eaux, mon frère s’étant également beaucoup investi dans la vie de ce lieu”. Aujourd’hui, elle y assure des visites et quelques permanences. Et parce qu’il n’y a plus de Résistants Déportés pour témoigner, elle intervient dans les établissements scolaires, notamment au collège Barbey-d’Aurevilly à Rouen et au lycée Georges-Brassens à Neufchâtel-en-Bray, pour rappeler aux élèves ce qu’ont vécu des milliers de personnes entre 1939 et 1945.
En parallèle, elle est une membre active de l’Amicale des Déportés-Tatoués du 27 avril 1944, en référence au célèbre convoi formé de 1 700 résistants non juifs, dont son père et son frère ont fait partie, arrivés au camp d’Auschwitz-Birkenau avant d’être renvoyés au camp de Buchenwald en Allemagne. En janvier 2023, grâce à son engagement auprès de tous, elle reçoit la médaille de la Jeunesse et des sports et de l’Engagement associatif, une récompense largement méritée.
Reconnue officiellement porte-drapeau
Voilà maintenant trois ans qu’elle s’est vu offrir la possibilité de porter le drapeau tricolore à la demande du général Jean-Michel Thomas, fils de déporté et président de l’amicale de Dachau. Une mission hautement symbolique qu’elle a également eu à cœur d’accomplir le 11 novembre dernier à la stèle Saint-Gilles. “Je suis devenue porte-drapeau par le fruit du hasard, ajoute-t-elle sobrement. Être porte-drapeau est très important pour moi, c’est l’hommage que je rends aux miens, en souvenir de mon père, de mon frère et de tous les autres Déportés”. Selon elle, pour devenir porte-drapeau il faut se soucier du passé et aimer l’Histoire. “Il est important de ne pas oublier le passé. Il y a malheureusement aujourd’hui une tendance à s’en désintéresser. Pour ma part, je continuerai tant que je le pourrai !”, conclut Catherine Nivromont, dont le dévouement et l’abnégation ne sont plus à prouver.
Et si vous aussi vous deveniez porte-drapeau pour faire perdurer la mémoire de ceux qui ont risqué ou donné leur vie pour la France ? Consultez le site de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre : onac-vg.fr
Mis à jour le 22/11/2023 à 12h09.