Boucicaut - Arcadie : une unité de soins, un lieu de vie

Si vous vous promenez dans le quartier du Village, faites une pause au 13 rue Boucicaut. Derrière le mur de briques et de silex se trouve un site de 4 hectares à l’histoire étonnante. Maternité puis terre d’accueil de réfugiés, c’est aujourd’hui une maison de retraite médicalisée, gérée en partie par le CHU de Rouen. Le site qui a soufflé ses 50 bougies en novembre dernier nous ouvre ses portes.

Commerce

Remontons brièvement le fil de l’histoire. Marguerite Boucicaut, propriétaire du magasin parisien “Au bon marché” lègue à sa mort, en 1887, une importante fortune à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. Parmi ses dernières volontés, elle sollicite la construction de trois maisons de refuge pour filles-mères, dont l’une à proximité de Rouen. Onze ans plus tard, une maternité ouvre ses portes au 13 rue Boucicaut. Pendant plus de 60 ans, des religieuses y pratiquent des centaines d’accouchements à titre gracieux, tout en veillant à ce que les jeunes mamans reprennent le chemin de la vie active. En 1960, les difficultés financières contraignent l’Assistance publique à fermer l’établissement, qui accueillera alors, pendant quelque temps, des réfugiés d’Algérie, avant de trouver une nouvelle vocation sous l’égide de Jean Lecanuet.

Un lieu d’accueil pour “désœuvrés”
Dans son discours inaugural de mai 1970, Jean Lecanuet, alors sénateur-maire de Rouen présente son projet novateur : “La création de cette maison de retraite destinée aux anciens de la ville de Rouen s’inscrit dans le vaste programme de rénovation du CHU (…). Sa mise en service (…) aura deux conséquences. La première est de libérer les pavillons vétustes de l’hôpital Charles-Nicolle, la seconde, plus importante, sera d’améliorer les conditions de vie de nos anciens”. Adieu les dortoirs ! Les 160 résidents accueillis à l’époque bénéficient de chambres individuelles et d’espaces de vie, séjour, bibliothèque, salle des fêtes pour y partager des moments du quotidien. “On les appelait “les utilisés”, raconte Karine Kadri. En échange de leur participation à quelques tâches ménagères, ils bénéficiaient d’un petit revenu, détaille la gériatre et cheffe de service de l’Unité de Soins de Longue Durée (USLD) Boucicaut. Au fil des ans, les soignants du CHU ont remplacé peu à peu les sœurs de Notre-Dame de Charité. L’encadrement s’est ainsi professionnalisé, en accueillant des personnes de plus en plus dépendantes”. 

Un nouveau tournant pour l’USLD
En 1999, le pavillon Arcadie, accueillant l’Unité de Soins de Longue Durée, a été entièrement restructuré : chambres médicalisées avec apport de fluides médicaux, lieux de vie adaptés aux personnes à mobilité réduite. Le bâtiment accueille aujourd’hui 70 résidents de tout âge (35 à 100 ans) et notamment des personnes jeunes souffrant de maladies neurodégénératives (sclérose en plaque, maladie de Charcot…). “À la différence d’un Ephad, nous offrons une permanence médicale et infirmière 24h/24. C’est l’hôpital à la campagne, avec des chambres qui donnent sur le parc, la proximité de la place du Village et de ses commerces”, décrit la gériatre. Un cadre de vie agréable qui favorise les sorties, couplé à différentes activités et animations de façon à rompre la monotonie. Faire oublier les blouses blanches et apporter du bien-être malgré tout, c’est tout le travail de Karine Kadri et de son équipe qui militent pour que Boucicaut reste et demeure “un lieu de soin, mais avant tout, un lieu de vie, ouvert sur la ville et la société”.

Adresse postale : 13 rue Boucicaut